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L’alimentation à Paris en 2025 : comprendre les mutations de la capitale

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L’étude publiée par l’Apur en 2025 offre un éclairage précieux sur la manière dont Paris mange, s’approvisionne et évolue. Entre transformations démographiques, pressions économiques et nouveaux comportements alimentaires, la ville se trouve à un moment charnière. Voici les enseignements majeurs à retenir.

Une population qui se transforme progressivement

Paris compte aujourd’hui environ 2,11 millions d’habitants, un chiffre en recul modéré mais continu depuis plusieurs années. Cette diminution s’explique notamment par la baisse du nombre de naissances, l’augmentation des logements inoccupés et le rétrécissement des ménages.

Toutefois, cette baisse ne doit pas masquer la diversité des profils présents dans la capitale. Paris reste une ville particulièrement jeune :

  • les 20–34 ans représentent 27 % de la population, une proportion nettement supérieure à la moyenne nationale.

Dans le même temps, la ville vieillit : la part des 65 ans et plus ne cesse d’augmenter et pourrait atteindre 22 % en 2040, ce qui pose des questions en matière d’accessibilité des commerces, des services et de la restauration.

Les étudiants, près de 10 % des résidents, constituent un autre groupe clé. Leur présence croissante, notamment dans les 18e, 19e et 20e arrondissements, modifie les modes de consommation et accentue des besoins spécifiques, en particulier face à la montée de la précarité alimentaire.

Un territoire où l’on consomme bien plus qu’on n’habite

Paris doit chaque jour nourrir bien plus que ses habitants : près de 3,6 millions de personnes fréquentent la ville, soit presque deux fois sa population résidente.

Parmi eux, on retrouve :

  • plus d’1,1 million de travailleurs venant de la métropole du Grand Paris ou d’autres endroits d’Île-de-France,
  • près de 300 000 étudiants non résidents,
  • près de 400 000 visiteurs franciliens pour les loisirs,
  • environ 79 000 touristes quotidiens.

En conséquence, Paris doit absorber chaque jour une demande alimentaire gigantesque :
– 8,3 millions de repas,
– représentant environ 4 160 tonnes de denrées à fournir quotidiennement.

Cette situation transforme Paris en un lieu où l’offre alimentaire doit être à la fois très réactive et suffisamment variée pour répondre à tous les besoins.

Des niveaux de vie élevés, mais de fortes disparités

Paris affiche l’un des revenus médians les plus élevés du pays, avec 2 478 € par unité de consommation et par mois. Cette moyenne recouvre cependant des réalités très contrastées.

En 2021 :

  • 16 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, un taux proche de celui de l’Île-de-France mais supérieur à la moyenne nationale.
  • Les arrondissements du nord-est restent les plus touchés, avec plus d’un ménage sur cinq concerné.

Les groupes les plus exposés sont :

  • les familles monoparentales,
  • les jeunes adultes,
  • les personnes seules.

Ces inégalités influencent directement les choix alimentaires, l’accès à une nourriture variée et la participation aux nouvelles pratiques (bio, circuits courts, restauration durable).

Un budget alimentaire orienté vers la restauration

Les ménages franciliens consacrent en moyenne 7 600 € par an à l’alimentation, dont une part particulièrement élevée à Paris :
– plus de 30 % du budget food est absorbé par la restauration.

Ce chiffre, deux fois plus élevé que dans les autres régions françaises, s’explique par :

  • la densité exceptionnelle des restaurants, bars et cafés,
  • le rythme de vie urbain,
  • la place centrale de la restauration rapide et du snacking,
  • les contraintes de temps liées aux déplacements et au travail.

On observe également une évolution des habitudes :

  • baisse de la consommation de viande,
  • hausse de l’achat de fruits et légumes,
  • intérêt croissant pour les produits bio ou durables,
  • arbitrages plus stricts à cause de l’inflation qui touche particulièrement les produits frais et la restauration.

Une offre alimentaire dense, variée et en mutation

Paris dispose d’une offre alimentaire particulièrement riche, qui réunit :

  • commerces de proximité,
  • marchés alimentaires,
  • restauration très dense,
  • lieux hybrides (food courts, dark stores, cuisines partagées…),
  • dispositifs d’aide alimentaire,
  • initiatives d’agriculture urbaine en croissance.

Cette diversité constitue une richesse, mais elle n’est pas uniformément répartie.
Les quartiers populaires présentent un accès plus limité à certains types de commerces, tandis que la pression immobilière accentue la fragilité de nombreux acteurs indépendants.

L’un des enjeux centraux reste donc l’accessibilité, non seulement en termes de distance, mais aussi de prix et d’adéquation aux besoins de publics très différents.

Ce qu’il faut retenir

  • Paris accueille chaque jour bien plus de mangeurs que d’habitants, ce qui crée une pression considérable sur le système alimentaire.
  • Les transformations démographiques modifient les besoins, entre jeunes très présents, étudiants nombreux et seniors en augmentation.
  • Les inégalités sociales influencent fortement l’accès à une alimentation saine.
  • La restauration occupe une place centrale dans le budget alimentaire parisien. 
  • La diversité de l’offre alimentaire est un atout, mais l’enjeu reste de la rendre accessible à tous.

Nos sources:

  • Apur – Étude « L’alimentation à Paris en 2025 », septembre 2025
    Alimentation_Paris_2025
  • Données Insee, Budget des familles, INCA 3 et sources partenaires citées dans l’étude
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