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CBD alimentaire et agriculture biologique : opportunité ou risque pour les professionnels du CHR en 2025 ?

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Une tendance qui séduit le secteur CHR

Le cannabidiol (CBD) continue de susciter curiosité et débats. Il s’est imposé dans les rayons bien-être, cosmétiques et e-liquides. Désormais, les cafés, hôtels et restaurants (CHR) explorent son potentiel dans les boissons et plats.

L’idée séduit : proposer une expérience innovante et différenciante pour une clientèle en quête de nouveautés.
👉 Cocktails sans alcool infusés au chanvre, pâtisseries « relaxantes », thés ou infusions bien-être : le marché existe déjà, et la demande est réelle.

Mais la réalité réglementaire évolue rapidement : ce qui était toléré hier pourrait devenir non conforme demain.
Qu’en est-il de la légalité et de la certification bio ?

CBD et réglementation alimentaire : où en est-on en 2025 ?

Le CBD comme « Novel Food »

Depuis 2019, les extraits de CBD destinés à l’alimentation sont considérés comme nouveaux aliments (Novel Food). Ils nécessitent donc une autorisation de mise sur le marché après évaluation par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments).

En septembre 2025, l’EFSA a lancé une consultation publique (PC-1597) pour mettre à jour sa déclaration sur la sécurité du CBD comme novel food.

  • Résultat provisoire : 2 mg/jour de CBD est proposé comme dose sûre pour un adulte de 70 kg.

  • Mais l’organisme précise que pour les populations sensibles (moins de 25 ans, femmes enceintes ou allaitantes, personnes sous traitements), la sécurité n’est pas établie.

👉 Un cocktail dosé à 5 mg de CBD dépasserait déjà la limite proposée.

L’EFSA note que de nombreux écarts méthodologiques persistent dans les études existantes (durée, pureté, protocoles, etc.).
Les évaluations restent en attente de données complémentaires : études de longue durée, pureté, profils d’impuretés.

Le seuil de THC

Le chanvre utilisé doit provenir de variétés autorisées, avec un taux de THC inférieur à 0,3 % sur matière sèche.
Tout dépassement expose à des sanctions pénales.

Vente non médicale

En France, le CBD est autorisé hors usage thérapeutique, tant qu’il respecte les normes alimentaires et n’est pas présenté comme médicament.

Certification biologique : une impasse pour les produits enrichis

C’est LA question qui intéresse les pros du CHR : peut-on proposer un CBD bio ?

  • ✅ Les fleurs et feuilles de chanvre peuvent être certifiées bio si elles respectent le règlement européen sur l’agriculture biologique (UE 2018/848).

  • ❌ Les produits enrichis en CBD (huiles, extraits, additifs alimentaires) ne peuvent pas, à ce jour, obtenir la certification bio.

📌 Décision du Conseil d’État (18 juillet 2025, n°463374) :
Il est impossible d’attribuer le label bio aux produits alimentaires enrichis en CBD, malgré la demande croissante.

Les avantages pour les établissements CHR

  • Différenciation marketing : cocktails, menus ou desserts au CBD attirent une clientèle curieuse et en quête d’expériences nouvelles.

  • Tendance bien-être : le CBD est associé (à tort ou à raison) à la relaxation, un argument commercial fort dans le contexte post-Covid.

  • Valeur ajoutée : un positionnement « premium » permet d’augmenter le ticket moyen, surtout dans les bars à cocktails et restaurants gastronomiques.

Les limites et risques à anticiper

  • Cadre juridique fragile : toute utilisation alimentaire de CBD enrichi sans autorisation Novel Food expose à des risques de sanction (contrôles DGCCRF, rappels de produits).

  • Pas de label bio (sauf pour les feuilles/fleurs), ce qui limite l’argument marketing.

  • Responsabilité sanitaire : dosage, pureté, contaminants… Les établissements CHR sont responsables en cas d’incident.

  • Communication encadrée : interdiction de faire des allégations de santé (« relaxant », « anti-stress ») sous peine de sanctions.

Bonnes pratiques pour les professionnels du CHR

  1. Sourcer des produits conformes, avec certificats d’analyses (THC, métaux lourds, microbiologie).

  2. Commencer petit : tester des infusions ou cocktails, plutôt que d’intégrer directement le CBD dans des plats complexes.

  3. Informer sans promettre : mettre en avant l’originalité, mais éviter toute promesse santé.

  4. Surveiller la réglementation : les évolutions de l’EFSA et de la législation française/UE sont à suivre de près.

Conclusion : une opportunité à saisir avec prudence

Le CBD alimentaire représente une opportunité de différenciation pour le secteur CHR en 2025, mais son encadrement réglementaire reste contraignant :

  • Potentiel intéressant → innovation, attractivité, valeur ajoutée.

  • Blocages actuels → certification bio impossible pour les produits enrichis, autorisation Novel Food en attente, risques juridiques.

👉 Pour les professionnels, la stratégie gagnante est d’innover sans être imprudent : être pionnier, mais toujours dans les clous de la législation.

📚 Sources

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