Une pétition appelle à réviser la loi Évin pour défendre le patrimoine viticole français.
Le cri du cœur d’une profession en crise
C’est une pétition qui fait grand bruit dans les milieux viticoles et CHR :
« Sauvons le vin : reconnaître le vin comme patrimoine culturel et autoriser sa promotion ».
Lancée fin septembre 2025 par Naïs Pommier, secrétaire indépendante basée dans le Gard, cette initiative réclame une révision de la loi Évin pour permettre aux viticulteurs de promouvoir leur travail, leur terroir et leurs savoir-faire, tout en maintenant un cadre de prévention responsable.
En quelques jours, la pétition a dépassé 15 000 signatures. Un signal fort d’une filière à bout de souffle : chute de la consommation, stocks qui s’accumulent, arrachages de vignes, distillations de crise… le vin français vit un moment charnière.
Une loi trop restrictive pour un produit culturel ?
Adoptée en 1991, la loi Évin encadre strictement la publicité sur les boissons alcoolisées.
Son objectif : prévenir l’alcoolisme et protéger les mineurs. Mais pour beaucoup de professionnels, elle est devenue un frein à la transmission culturelle du vin.
« Le vin n’est pas un alcool comme les autres : c’est un produit du terroir, un savoir-faire, une histoire », rappelle Naïs Pommier.
« On doit pouvoir parler du travail des vignerons sans être accusé de faire la promotion de l’alcool. »
Dans les faits, la loi interdit toute communication qui dépasse la simple description technique (degré d’alcool, origine, appellation…).
Difficile, donc, pour les caves, domaines, bars à vins ou restaurateurs de valoriser leurs producteurs sans risquer d’enfreindre le cadre légal.
Pourquoi le secteur CHR est directement concerné
Pour les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, le vin ne se limite pas à un produit : il incarne l’art de vivre français, l’accord mets-vins, l’économie locale, et une partie essentielle de l’expérience client.
Un restaurateur qui met en avant un producteur, un sommelier qui explique l’histoire d’un domaine, un hôtelier qui organise une dégustation : autant d’actions aujourd’hui limitées par la rigidité du cadre publicitaire.
Or, la visibilité des vins français, face à la concurrence étrangère et à l’évolution des modes de consommation (bières artisanales, sans alcool, cocktails), est un enjeu économique majeur pour tout l’écosystème CHR.
Une filière au rôle écologique et culturel essentiel
Au-delà de l’économie, la vigne façonne nos paysages ruraux et préserve des savoir-faire pluriséculaires.
Elle joue même un rôle environnemental : certaines zones viticoles ont servi de coupe-feu naturels lors d’incendies récents.
La pétition plaide donc pour que le vin soit reconnu comme patrimoine culturel français, au même titre que la gastronomie — déjà classée au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Une reconnaissance qui pourrait ouvrir la voie à une communication plus équilibrée, valorisant le vin comme produit culturel et gastronomique, non comme simple boisson alcoolisée.
Trouver l’équilibre entre prévention et valorisation
La question n’est pas d’opposer santé publique et culture, mais de trouver un juste milieu.
La filière ne réclame pas un “blanc-seing” publicitaire, mais un assouplissement intelligent :
pouvoir raconter, expliquer, transmettre… sans inciter à la surconsommation.
Plusieurs pistes sont évoquées :
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Une communication encadrée autour des savoir-faire et du patrimoine ;
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Des campagnes de promotion responsable, intégrant les messages de prévention ;
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La reconnaissance légale du vin comme produit culturel protégé.
Ce qu’il faut retenir
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15 000 signataires soutiennent la pétition « Sauvons le vin » initiée par Naïs Pommier.
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L’objectif : amender la loi Évin pour permettre la promotion du vin en tant que produit culturel.
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Les acteurs du CHR sont directement concernés : bars, hôtels, restaurants, sommeliers, œnotourisme…
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La filière viticole française fait face à une crise sans précédent : économique, culturelle et identitaire.
🔎 À suivre…
Alors que le débat gagne les réseaux professionnels et les associations viticoles, une question reste ouverte :
➡️ la France peut-elle continuer à défendre sa culture du vin sans repenser sa législation ?
Pour les acteurs du CHR, l’enjeu est clair : préserver un patrimoine vivant tout en accompagnant la transition vers une consommation responsable.